Cette semaine, je suis ravie de publier l’échange que j’ai eu avec mon invitée, Faustine Chevet, Directrice du Bureau international Europe, de HEC Montréal à Paris.

Ayant travaillé plusieurs années dans les relations internationales pour une grande école à Parisl’ISIT, membre de la Conférence des grandes écoles (CGE), j’avais connaissance de HEC Montréal comme institution d’enseignement supérieur canadien renommé. Ma curiosité de Canadienne native, ayant principalement vécu en France, mêlée à ma position professionnelle, fut piquée à cette époque, lorsque je remarquai que HEC Montréal avait un bureau à Paris depuis 2002. A ma connaissance, peu d’établissements d’enseignement supérieur canadien, voire aucun, n’avait mis en place ce genre de dispositif (en France).

Ainsi, lorsque j’ai pensé réaliser ce cycle d’entrevues Ô Canada ! avec des personnalités œuvrant, d’une manière ou d’une autre, entre le Canada et la France, il m’a paru évident de contacter Faustine Chevet.

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Elsa Schang : La fête nationale du Canada a eu lieu le 1er juillet, HEC Montréal a-t-elle organisé des festivités ? Si oui, lesquelles ?

Faustine Chevet : En réalité, HEC Montréal à Paris n’est pas un campus. Tous les campus de HEC Montréal sont situés à Montréal. Le Bureau international Europe situé à Paris est un bureau de liaison, de représentation qui vient par ailleurs de fêter ses 20 ans cette année. Nous n’avons pas organisé d’événement à proprement parler pour la fête du Canada, et celle du Québec. Cependant, nous sommes en lien avec un certain nombre d’institutions canadiennes partenaires, comme l’Ambassade du Canada en France, ou comme la Délégation générale du Québec à Paris par exemple, qui nous tiennent informés de leurs activités. Nous relayons ces informations à toute la communauté HEC Montréal (aux étudiants en stage, en mobilité académique, à nos diplômés, etc). Cela permet à notre communauté de rencontrer des personnes en lien avec le Québec et le Canada. Il arrive également que nous participions à ces événements.

E.S. : Pouvez-vous décrire en quelques mots votre parcours, car à première vue, vous ne semblez pas être de nationalité canadienne, et sur votre page LinkedIn, on ne voit pas de rapports directs avec le Canada avant votre prise de fonction à HEC Montréal. Comment en êtes-vous arrivée au poste de Directrice du Bureau international Europe pour HEC Montréal à Paris ?

Faustine Chevet : En effet, mon profil n’affiche pas de rapport avec le Canada à l’exception de ma fonction actuelle. Mon profil affiche plutôt un appétit pour l’international et mes missions précédentes en Asie ont démontré un bon esprit d’adaptation. C’est ce qui a intéressé HEC Montréal. J’ai également travaillé pour d’autres Grandes Ecoles françaises (Sciences Po Paris et emlyon Business School, par ailleurs partenaires de HEC Montréal). Pour reprendre mon parcours depuis le début, je suis française, j’ai beaucoup voyagé mais j’ai grandi en France. J’ai toujours été attirée par « l’Ailleurs », et par l’extrême orient. J’ai commencé à étudier le chinois à l’université de Montpellier, puis à l’INALCO à Paris. Par ce biais, j’ai pu passer une année à Taiwan, j’ai également effectué plusieurs petits séjours en Chine, puis plus tard, en 2007-2008, je suis partie travailler en Chine pour un cabinet de recrutement, notamment à Shanghai. A mon retour de Chine, je connaissais désormais le secteur du recrutement. Cela m’a permis de mieux accompagner les étudiants en recherche de stages et d’emplois.

En parallèle, pour moi, l’éducation est une valeur forte, c’est un pilier fondamental de la société, de la démocratie, et je souhaitais pouvoir apporter ma pierre à cet édifice.

J’ai donc été recrutée à Sciences Po Paris pour intégrer le service Carrières, puis en tant que responsable pédagogique du master 2 en Communication, enfin comme responsable Carrières au département d’économie de Sciences Po avant de rejoindre le tout nouveau campus parisien de l’emlyon, où tout était à créer.

E.S. : Pouvez-vous décrire votre fonction au quotidien ?

Faustine Chevet : J’ai pris la direction du Bureau international Europe il y a trois ans environ. Ce bureau, créé en 2002, avait pour but initial de faire la promotion des programmes de HEC Montréal et de recruter des étudiants européens pour Montréal. Au fil du temps, les besoins se sont développés et des missions ont été ajoutées : nous avons un service Carrières. C’est-à-dire que tous les étudiants de l’institution souhaitant effectuer un stage en Europe peuvent nous solliciter pour être accompagnés au sujet des spécificités des marchés européens. Ce service gère également logiquement les relations entreprises.

Nous accompagnons donc les étudiants, les diplômés en recherche d’emploi, les relations entreprises, nous animons la communauté des diplômés de HEC Montréal (ils sont environ 10 000 en Europe, principalement en France). Au mois de juin dernier, par exemple, nous avons fêté les 20 ans du Bureau international Europe en organisant un événement auquel a participé la direction de HEC Montréal ainsi que des diplômés.

Nous travaillons également sur le suivi des relations académiques en Europe, qu’il s’agisse de développer des partenariats d’échanges ou de les entretenir, ou de mettre en place des doubles diplômes, et ce en lien avec nos collègues de Montréal.

Par ailleurs, je travaille sur l’image et la notoriété de HEC Montréal en Europe car il arrive que l’institution soit mal connue, confondue avec HEC Paris, voire parfois pas connue du tout. En FranceHEC Montréal fait partie de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE). C’est l’une des rares institutions non françaises à être membre de la CGE.

Pour terminer, je travaille en lien avec les partenaires institutionnels : la Délégation générale du Québec à Paris, mais aussi à Londres, à Barcelone et à Bruxelles, les ambassades également, la chambre de commerce franco-canadienne et le Cercle des dirigeants d’entreprises franco-québécoises, dont HEC Montréal est membre.

E.S. : Les étudiants peuvent-ils étudier à HEC Montréal à Paris ?

Faustine Chevet : Le Bureau de Paris n’est pas un campus, nous n’avons donc pas d’étudiants sur place.

 

E.S. : Pouvez-vous expliquer la différence entre HEC Montréal et HEC Paris, la grande école que nous connaissons en France ?

Faustine Chevet : En fait, il existe tout simplement plusieurs écoles distinctes et indépendantes sous l’acronyme de HEC, qui signifie « Hautes Etudes commerciales ». On peut citer HEC Liège, HEC Lausanne, par exemple. Une des grandes différences sera l’expérience elle-même : être un étudiant français en France n’est pas la même chose qu’être un étudiant français à l’international. Le système d’enseignement est aussi différent. A Montréal, on se confronte à la différence culturelle, hors de sa zone de confort. On découvre aussi un nouveau pays, une nouvelle culture.

E.S. : Je suppose qu’avec la COVID-19, les deux dernières années ont dû être bien remplies ?

Faustine Chevet : Sur les deux dernières années, nous sommes parvenus à maintenir nos effectifs et n’avons donc pas ressenti de baisse du nombre d’inscriptions d’étudiants européens dans nos programmes. Ce qui a été particulièrement difficile a été l’impossibilité de voyager entre la France et le Canada. En conséquence, j’ai passé 22 mois sans voir physiquement ma directrice, tout comme le directeur de l’école, Monsieur Federico Pasin. Les compagnies aériennes peuvent à nouveau fonctionner, ce qui a permis à ce dernier de venir en juin à Paris fêter les 20 ans de notre bureau, et de mon côté, j’y partirai prochainement pour assister à l’inauguration du nouvel édifice de HEC Montréal au centre-ville de Montréal. La « chance » que nous avons eue est que les confinements en France et au Québec étaient concomitants. Néanmoins, nous avons dû assurer le suivi et l’accompagnement de tous nos étudiants qui se trouvaient en dehors de leur(s) pays d’origine, et ce par mail et par téléphone. Parallèlement, tout le corps professoral a dû basculer ses cours en ligne et nous avons modifié nos maquettes pédagogiques pour une meilleure cohérence avec les cours en ligne.

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Photo : Federico Pasin, directeur actuel de HEC Montréal depuis 2019

E.S. : Recevez-vous beaucoup de délégations étrangères ? Cette fonction vous permet-elle de voyager parfois à travers le Canada ?

Faustine Chevet : J’occupe ce poste depuis plus de trois ans et nous avons malheureusement subi la COVID pendant près de deux ans, donc ça n’a pas été facile jusqu’ici ! Sinon, nous recevons des enseignants ainsi que les membres de la direction, et nous allons au Québec régulièrement aussi.

E.S. : Combien de personnes travaillent dans cette antenne ?

Faustine Chevet : Nous sommes trois salariés : une personne responsable Promotion et Recrutement et des partenariats internationaux ; une personne responsable Carrière et Evènements ; et moi-même, directrice.

E.S. : J’ai l’impression que HEC Montréal est l’une des rares institutions d’enseignement supérieur canadiennes à avoir un bureau en France ouvert en permanence. Est-ce qu’il s’agit d’aider les étudiants canadiens à vivre des expériences en Europe ou bien de recruter des étudiants européens pour étudier au Canada ?

Faustine Chevet : HEC Montréal est la seule institution canadienne à avoir un bureau à Paris en permanence depuis 20 ans. L’Université de Montréal (UdeM) vient néanmoins tout juste d’ouvrir un bureau à ParisHEC Montréal a toujours eu une gouvernance audacieuse, et il existe un véritable lien avec l’Europe dès la genèse de l’institution (ndlr : en 1907) puisque l’École a initialement été créée par la Chambre de commerce de Montréal pour développer le commerce francophone, principalement maritime à l’époque (car le commerce anglophone était déjà bien développé). Il y avait donc initialement une ouverture sur le monde. D’ailleurs les armoiries de l’École (ndlr : les trois thèmes de la devise des armoiries de l’École – commerce, industrie, marine – forment à l’origine le cœur du programme d’enseignement de l’École) représentent un globe avec un bateau. La création de cette École a été inspirée par des modèles situés en Belgique, notamment à Anvers du fait de son port et de son activité de commerce maritime importante. Ainsi, les deux premiers directeurs de HEC Montréal étaient belges.

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Image : Armoiries de HEC Montréal

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Photo : Auguste-Joseph de Bray, premier directeur de HEC Montréal de 1907 à 1916

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Photo : Henry Laureys, deuxième directeur de HEC Montréal de 1916 à 1938

E.S. : Quels sont les liens de HEC Montréal avec l’Ambassade du Canada à Paris ? Et avec la Délégation générale du Québec à Paris ?

Faustine Chevet : Nous organisons des événements en commun, particulièrement avant la COVID. Par exemple, nous avions organisé en lien avec la Délégation générale du Québec à Paris une conférence ouverte à tous au sujet de l’écosystème entrepreneurial. Les questions étaient : « qu’apporte HEC Montréal dans cet écosystème ? », « quels sont les écosystèmes montréalaisquébécois et canadiens ? ». Des personnes de la Délégation générale du Québec sont intervenues, l’institution avait évidemment relayé l’information et l’événement avait lieu dans ses locaux. La Délégation a également une infolettre (newsletter) qui évoque régulièrement des informations relatives à HEC MontréalL’Ambassade du Canada est plus impliquée, elle, sur le plan de la promotion et du recrutement. Elle nous invite donc à participer à des salons tels que le salon EduCanada. Ce sont donc pour nous de vrais relais de communication, grâce à leurs réseaux importants et leur « force de frappe » ! Nous bénéficions également d’un soutien important de la Délégation générale du Québec à Londres ainsi que des Délégations générales du Québec situées dans les autres pays d’Europe.

E.S. : Quel est le message diplomatique que souhaite diffuser HEC Montréal à travers ses actions en France ?

Faustine Chevet : Les étudiants internationaux sont bienvenus à HEC Montréal, institution ouverte sur le monde. HEC Montréal est riche de toutes ses différences. Elle souhaite offrir à sa communauté un campus respectueux des personnes et ouvert aux différences.

E.S. : Avez-vous des conseils particuliers à donner aux personnes, aux jeunes, qui potentiellement pourraient être intéressés par le fait de travailler un jour dans le milieu de l’enseignement supérieur à l’international ?

Faustine Chevet : Aujourd’hui, les enjeux dans le domaine de l’enseignement supérieur sont énormes, et il y a beaucoup d’opportunités parce qu’il y a un turn-over important. Les écoles sont, depuis le début des années 2000, vraiment embarquées dans l’internationalisation. Pour les personnes qui sont intéressées par le fait de travailler dans ce domaine, la dimension interculturelle et l’ouverture vers l’Autre sont vraiment importantes. Puis, comme pour tout métier, il faut impérativement développer son réseau dans ce milieu. LinkedIn est un bon levier pour cela ainsi que le réseau des alumni. Evidemment, il est bon de faire des stages et de bien les choisir, mais il est toutefois inutile de se mettre trop de pression à ce sujet. Je vois beaucoup de jeunes qui semblent penser que le choix de leur stage aujourd’hui impactera leur carrière dans 50 ans. Je pense qu’il faut relativiser et profiter de ces expériences pour acquérir des compétences qui seront ensuite transférables au secteur de l’enseignement supérieur.

E.S. : Quelle est l’actualité de HEC Montréal et quels sont les axes de développement à venir ?

Faustine Chevet : Les grands chantiers entamés et toujours en cours sont les politiques RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et EDI (Equité, Diversité, Inclusion). Nous y travaillons beaucoup et ce, pour toute la communauté HEC Montréal : étudiants, enseignants, personnels, diplômés, etc.

Également, de façon plus concrète, le nouvel édifice de HEC Montréal, situé au centre des affaires de Montréal, va ouvrir prochainement. Il y a beaucoup d’enjeux sur ce sujet car toutes les formations « exécutives » (formations continues, MBAs, etc) auront lieu dans cet édifice afin que les étudiants soient au plus près de la communauté des affaires de Montréal. L’inauguration officielle aura lieu au premier trimestre 2023.

Enfin, le Bureau international Europe est bien implanté en France et dans les pays francophones européens (Belgique, Suisse, Luxembourg, Monaco). Nous souhaitons intensifier désormais l’implantation dans d’autres pays d’Europe, identifier des relais, et recruter des étudiants dans ces pays de l’Europe. Mon défi, à titre personnel, est d’accompagner mon équipe au mieux pour relever ce défi et que HEC Montréal soit connue et reconnue au-delà des frontières françaises.

E.S. : Sur votre page LinkedIn, vous partagez des épisodes du podcast de Valérie Lion « Attache ta tuque ». Est-ce que vous partagez tous les épisodes ou bien seulement ceux qui évoquent HEC Montréal ? Existe-t-il des moyens de communication de ce type mis en œuvre par HEC Montréal ?

Faustine Chevet : Nous partageons principalement les épisodes et numéros qui mentionnent HEC Montréal. C’était le cas du balado (podcast) « Attache ta tuque » de Valérie Lion, mais également du hors-série du Figaro paru en juin sur le Canada. Il arrive enfin à Valérie Lion de relayer certaines informations sur les événements que nous organisons dans son infolettre aussi, comme des conférences, salons ou journées portes ouvertes, par exemple.

E.S. : Y a-t-il des médias que vous souhaiteriez recommander à nos lecteurs sur le sujet des relations France / Canada ? ou sur le Canada / Québec ?

Faustine Chevet : Nous diffusons des infolettres à destination des diplômés, des étudiants et futurs étudiants. Pour le grand public, nous communiquons beaucoup via les réseaux sociaux (Facebook, LinkedIn, Instagram). Je réalise également tous les lundis une revue de presse axée sur l’actualité européenne, à destination de mes collègues au Québec, afin de leur permettre de comprendre les enjeux européens du moment. HEC Montréal s’est aussi lancée dans une série de balados sur le développement durable.

En matière d’infolettres, je peux recommander celle de la Délégation générale du Québec en France, l’infolettre « Attache ta tuque » de Valérie Lion, ainsi que la vôtre (l’infolettre Ô Canada ! sur LinkedIn). Elles sont très intéressantes car elles permettent à chacun de comprendre la culture globale, l’actualité du Canada, de bénéficier d’analyses. Il y a aussi plusieurs hors-séries sur le Canada qui sont publiés régulièrement puisque la Canada a le vent en poupe. On peut citer celui de L’Express, celui du Figaro. Tous ces médiums permettent de comprendre l’environnement canadien.

🔖 FICHE TECHNIQUE :

  • Profil LinkedIn de Faustine Chevet
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  • Retrouvez toutes les infos utiles sur la page du Bureau international Europe de HEC Montréal
  • Directeur de HEC Montréal : Federico Pasin
  • Adresse à Paris : Bureau international – Europe, HEC Montréal, Paris 13e (sur rendez-vous seulement)
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