Cette semaine, je suis ravie de publier l’échange que j’ai eu avec mon invitée, Marianne Beseme, Secrétaire générale de l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse, France.

Elsa Schang : Bonjour Marianne, en quelques mots, pouvez-vous présenter l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse (OFQJ) ?

Marianne Beseme : L’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse (OFQJ) est un organisme bi-gouvernemental créé en 1968 qui s’occupe de mobilité internationale des jeunes. Il va donc fêter ses 55 ans en février 2023. Il est né de la volonté des gouvernements français et québécois de permettre la rencontre entre leurs jeunesses. On entend par « jeunesse » à l’OFQJ les personnes âgées de 18 à 35 ans, donc les jeunes adultes. L’objectif visait à leur permettre de se rencontrer, de lancer des projets ensemble, et de se découvrir. Dans les années 1960, on était vraiment au début de toutes ces questions de mobilités qui sont devenues fréquentes voire évidentes pour les jeunes aujourd’hui. C’était vraiment visionnaire.

logo de l'ofqj
Logo de l’OFQJ

Depuis sa création, l’OFQJ a accompagné environ 160 000 jeunes du Québec vers la France et de la France vers le Québec. C’est beaucoup, et les flux des échanges ont aussi beaucoup évolué au fil des années. Culturellement, les jeunes Québécois sont un peu moins mobiles que les jeunes Français, mais il faut dire que géographiquement, la mobilité des Français est facilitée, il est plus facile pour un Français de partir à l’étranger en Europe, et par ailleurs le programme Erasmus + a infusé dans les institutions scolaires et universitaires et dans les têtes en général depuis 35 ans désormais.

logo du programme Erasmus+
Logo du programme Erasmus+

E.S. : La fête nationale du Canada a lieu chaque année le 1er juillet, la fête du Québec le 24 juin, l’OFQJ organise-t-il des événements à ces occasions ?

Marianne Beseme : Avant la pandémie, nous organisions des événements. Maintenant, c’est plus compliqué. En général, nous organisons un événement en marge de la fête du Québec. Nous avons aussi participé aux événements organisés par le Centre culturel canadien à Paris lors de la fête du Canada par le passé.

E.S. : Parlons de votre parcours : vous ne semblez pas être de nationalité canadienne. Sur votre page LinkedIn, on remarque une appétence tout-au-long de vos études, pour les relations internationales, le journalisme et l’information. Comment en êtes-vous arrivée à devenir Secrétaire générale de l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse (OFQJ) à Paris ?

Marianne Beseme : Je ne suis pas canadienne, ni franco-canadienne. En fait, je suis arrivée à l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse à travers deux prismes : un prisme international à travers mes études ; un prisme professionnel à travers mon parcours. En effet, depuis près de 15 ans maintenant, je travaille sur la Jeunesse, dans la fonction publique, à plusieurs niveaux (local, national et international). En réalité, j’ai découvert le Québec par le biais de l’OFQJ, car j’en ai été administratrice pour le compte du ministère des Affaires étrangères, qui siège au Conseil d’Administration de l’OFQJ. C’est à ce moment-là que j’ai découvert cette « petite » institution qu’est l’OFQJ, et que j’ai découvert et aimé le Québec. Petite institution mais ô combien dynamique et innovante ! Cela m’a vraiment donné envie d’y revenir ensuite. J’ai donc été ravie de pouvoir intégrer l’équipe en 2017.

E.S. : En quoi consiste votre fonction au quotidien ?

Marianne Beseme : Ma fonction s’appelle « secrétaire générale » parce que l’OFQJ est un organisme international. Ma mission est de diriger l’équipe de Paris (Saint-Denis), et de mettre en œuvre les orientations de la France en matière de mobilité des jeunes vers le Québec. Je représente également l’OFQJ en France et à l’étranger. Ce sont donc des missions de direction, de gestion et de représentation.

E.S. : Cette fonction vous permet-elle de voyager à travers le Canada / le Québec ?

Marianne Beseme : Bien sûr, je suis allée plusieurs fois au Québec, et j’ai effectué un déplacement dans le reste du Canada dans le cadre du voyage officiel du Président de la République. Mais je suis également amenée à effectuer des déplacements dans les pays francophones. Car au-delà de l’ADN initial de l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse (OFQJ) qui relie le Québec à la France, nous travaillons aussi depuis une vingtaine d’années à l’échelle de la francophonie. 95% des jeunes Français partant en mobilité avec l’OFQJ vont au Québec, mais nous avons également un mandat consistant à rapprocher les jeunesses francophones. Nous réalisons et participons donc à de grandes rencontres de jeunes en France, au Canada, mais également au Maroc, en Tunisie et d’autres pays francophones encore. Il s’agit souvent de rencontres thématiques : de jeunes entrepreneurs francophones, ou de jeunes engagés dans la lutte contre le changement climatique, par exemple. Nous nous associons pour ces projets à des acteurs de terrain compétents sur ces thématiques dans leur pays.

E.S. : Quelles sont les actions de l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse (OFQJ) ?

Marianne Beseme : L’OFQJ s’est beaucoup concentré sur les mobilités professionnalisantes, c’est-à-dire à visée d’acquisition de compétences professionnelles. Cela passe par des programmes courts, et des programmes longs, ouverts à tous les publics.

Quel que soit le profil de la personne qui s’adresse à l’OFQJ, cette personne trouvera un programme qui lui conviendra. Il peut s’agir par exemple :

  • D’étudiants qui souhaitent réaliser des stages étudiants, ou bien une formation professionnelle
  • D’un groupe d’étudiants souhaitant effectuer un voyage d’étude
  • D’un demandeur d’emploi souhaitant réaliser un stage qui sera reconnu au titre d’une formation professionnelle par Pôle emploi
  • D’un jeune qui souhaite partir dans le cadre d’un programme de volontariat international
  • D’un jeune entrepreneur souhaitant réaliser une mission de prospection commerciale
  • De groupes de professionnels de tous secteurs souhaitant rencontrer des homologues outre-Atlantique…

Les profils peuvent donc être très variés. L’objectif étant d’effectuer une mobilité temporaire (car nous n’accompagnons pas à l’immigration) et d’en revenir mieux armé dans son parcours.

Effectuer une mobilité à l’étranger permet vraiment de s’ouvrir aux autres, d’ouvrir des perspectives, de devenir « citoyens du monde », ce qui n’est pas accessoire. Cela permet également de comprendre que nos problématiques peuvent être partagées par d’autres dans le monde, ou pas du tout.

Par exemple, nous avons un programme qui fonctionne très bien pour les jeunes en insertion, des jeunes qui sont éloignés de l’emploi et que nous accompagnons pour des missions de découverte professionnelle au Québec, et qui vont y rencontrer de jeunes Québécois. Cela provoque chez eux un « décentrage », et permet donc de ré-envisager leurs propres perspectives sous un angle nouveau.

L’OFQJ est à la fois financeur de projets (bourses et accompagnements de mobilités) et monteur de projets. Nous publions donc des appels à candidature sur des thématiques données. Pour cela, l’OFQJ s’associe toujours avec des acteurs de terrain spécialisés dans ces thématiques. L’idée est de proposer aux jeunesFrançais et Québécois, des rencontres qui collent avec leurs centres d’intérêts (Ex : innovation sociale, entrepreneuriat, changement climatique, égalité femmes-hommes, etc). Ces actions ont lieu en France ou au Québec ou dans tout autre pays francophone. Par exemple, nous avons organisé en 2019 et 2021 les rencontres francophones de l’innovation sociale ; en 2019 également, la grande rencontre des jeunes entrepreneurs du monde francophone, dont la prochaine édition aura lieu en 2023. Fin 2022, nous accompagnons aussi des jeunes Français et francophones à la COP 15 sur la biodiversité à Montréal

 

E.S. : Comment les jeunes ont-ils connaissance de l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse (OFQJ) ? S’adressent-ils à l’OFQJ avec un projet déjà défini ou sont-ils accompagnés par l’OFQJ dans leurs démarches de création d’un projet ?

Marianne Beseme : Il est difficile de donner une réponse unique car il y a en réalité beaucoup de cas de figures. Cela dépend également du projet de la personne.

Pour les stages et les voyages d’études, les étudiants sont souvent orientés vers l’OFQJ par le biais de leur université, de leur établissement ; nous avons également lancé un cycle de webinaires à destination des responsables de services internationaux des établissements d’enseignement supérieur, des associations, des missions locales, etc (des prescripteurs en bref).

Pour le secteur culturel, la coopération entre la France et le Québec est très active, il existe donc des réseaux de diffusion et de relais des offres culturelles qui sont très structurés. De même pour le secteur de l’entrepreneuriat. Pôle Emploi nous adresse également de nombreux demandeurs d’emploi qui cherchent à réaliser un stage professionnalisant au Québec. Le programme de volontariat en service civique commence à être très connu et nos offres sont diffusées sur le site de l’Agence du Service civique.

Pour chaque action de l’OFQJ, nous avons des chargés de projets qui diffusent nos informations dans leurs réseaux respectifs.

De façon générale, pour la promotion de nos actions, nous nous appuyons sur notre « pôle information mobilité » : il s’agit d’une personne représentant l’OFQJ sur les différents salons (de l’emploi, de l’étudiant, de la mobilité) en France afin d’informer et conseiller. Nous n’avons malheureusement pas de représentants en région.

E.S. : Il y a l’OFQJ et il y a les Offices des Jeunesses internationaux du Québec (LOJIQ). Quels sont les liens et différences entre ces deux organismes ? Pouvez-vous dire un mot sur LOJIQ ?

Marianne Beseme : Nous sommes un organisme unique, constitué de deux sections, qui ont chacune un budget distinct : l’une est basée à Saint-Denis (OFQJ) en région parisienne, l’autre est basée à Montréal (LOJIQ).

Le PDG de LOJIQJean-Stéphane Bernard, est également secrétaire général de l’OFQJ, tout comme moi.

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Photo fournie par : Groupe CNW / Les Offices Jeunesse Internationaux du Québec

Nous sommes régis par une entente internationale, et nos deux présidents de conseils d’administration sont des ministres en exercice : le ministre de la Jeunesse pour la France, Monsieur Pap Ndiaye, et le ministre des Relations internationales et de la Francophonie pour le Québec, Madame Martine Biron

Pap Ndiaye, ministre de la jeunesse France
Photo : Pap Ndiaye, ministre de la Jeunesse pour la France, source AFP
Martine Biron, ministre des relations internationales et francophonie, québec
Photo : Martine Biron, ministre des Relations internationales et de la Francophonie pour le Québec

Il faut garder à l’esprit que nous sommes une institution et non une association, nous fonctionnons donc sous la tutelle d’un ministère. A l’OFQJ, nos fonds de fonctionnement sont français. De son côté, le ministère québécois finance les mobilités des Québécois.

Le Québec, au fil du temps, a développé des offices internationaux de la jeunesse avec la Wallonie (l’Office Québec-Wallonie Bruxelles pour la jeunesse), avec les Amériques (l’Office Québec Amérique pour la jeunesse) et enfin l’Office Québec-Monde pour la jeunesse. Ces offices ne s’inscrivent pas dans une relation bilatérale avec les pays concernés, à la différence du lien qui unit la France et le Québec à travers l’OFQJ. Tous ces offices québécois sont régis/chapeautés par LOJIQ.

Au sein de LOJIQ, il y a aujourd’hui en fait deux structures : l’Office Québec-Monde pour la jeunesse et l’Office franco-québécois pour la jeunesse.

E.S. : Quelles sont les principales problématiques que l’OFQJ a à gérer (en importance et en volume) ?

Marianne Beseme : Tout d’abord toucher le plus de jeunes possible et faire connaître les opportunités offertes. Il faut permettre à tous de trouver son projet ou de le réaliser. Parallèlement, nous suivons également une priorité politique depuis de nombreuses années qui est de permettre aux jeunes qui sont le plus éloignés du principe de mobilité de pouvoir y accéder. En effet, nous souhaitons permettre aux jeunes qui ne s’autorisent pas à penser à cela, de pouvoir le faire et de penser que c’est possible. On pense notamment aux jeunes qui sont en apprentissage, à ceux qui ont décroché de leurs études, par exemple. L’avantage que nous avons avec cette relation bilatérale avec le Québec, c’est que la langue ne représente pas une barrière a priori. De plus, le Québec est vraiment très attractif auprès des jeunes français. 

E.S. : Quel a été l’impact de la COVID-19, ces deux dernières années, sur les activités de l’Office Franco-Québécois de la Jeunesse (OFQJ) ?

Marianne Beseme : Pendant les premiers mois de la pandémie, nous avons travaillé à proposer des solutions de retour aux jeunes qui étaient au Québec et qui souhaitaient rentrer. Nous avons des partenariats avec Air Transat et Air Canada, ce qui nous a permis d’accéder à des tarifs négociés pour ceux-ci.

Nous avons également inventé des programmes en distanciel, notamment des stages pour demandeurs d’emploi en télétravail. Nous avons à ce titre un programme pour les demandeurs d’emploi qui est très intéressant : il permet à des personnes sans emploi, indemnisées ou non, de partir effectuer un stage auprès d’une entreprise québécoise de notre réseau sur une durée allant de 3 à 6 mois. Ce stage est reconnu au titre de la formation par Pôle Emploi. Nous avons de très bons résultats en termes de réinsertion professionnelle avec ce programme. Nous avons pu faire basculer ce programme du présentiel au télétravail.

Nous avons également organisé des rencontres thématiques francophones en format virtuel. Sur les deux dernières années, les événements ont principalement eu lieu en France pour des raisons de restriction des mobilités. Nous avons organisé à Paris les Rencontres francophones de l’innovation sociale, en présence de 100 jeunes, de 18 nationalités différentes, qui ont exploré l’écosystème de l’innovation sociale en Ile-de-France et en France. Ils ont pu effectuer des visites d’entreprises, bénéficier de rencontres inspirantes, de tables rondes, et ont géré des temps de création de projets en commun. Les deux thématiques étaient les suivantes : l’économie circulaire et l’égalité femmes-hommes.

Rencontres francophones de l’innovation sociale - Affiche
Rencontres francophones de l’innovation sociale 2021

E.S. : Combien de personnes travaillent à l’OFQJ Paris (Saint-Denis) ?

Marianne Beseme : L’équipe à Saint-Denis est constituée de 19 personnes.

E.S. : Quels sont les liens de l’OFQJ avec l’Ambassade du Canada à Paris ? Avec la délégation générale du Québec à Paris ? Y a-t-il des liens avec d’autres institutions officielles ?

Marianne Beseme : Nous travaillons évidemment avec les représentations diplomatiques françaises et québécoises (les Consulats généraux de France à Québec et à Montréal, la Délégation générale du Québec à Paris) et régulièrement avec l’Ambassade du Canada en France pour tout ce qui touche aux autorisations de voyage notamment. Dans notre conseil d’administration, nous comptons plusieurs institutions majeures (le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse, le ministère des Affaires étrangères, le Parlement, l’Agence nationale de la cohésion des territoiresPôle emploi …) Nous sommes aussi en lien régulier avec Business France pour nos programmes sur l’entrepreneuriat.

E.S. : Quelle est l’actualité de l’OFQJ et quels sont les axes de développement à venir ?

Marianne Beseme : l’année 2023 va être une année chargée pour nous car ce sera l’année de « l’innovation France-Québec », annoncée par les Premiers ministres français et québécois. De plus, l’OFQJ fêtera ses 55 ans en février. Nous allons donc combiner ces deux actualités pour proposer une programmation enrichie, des nouveaux projets. Nous ferons aussi des événements de rencontres, notamment un rendez-vous au premier semestre de tout l’écosystème de l’OFQJ (anciens participants, partenaires…).

E.S. : L’OFQJ diffuse une infolettre mensuelle, qu’y trouve-t-on ?

Marianne Beseme : On y trouve des informations généralistes sur l’actualité de l’OFQJ, des appels à candidatures, des offres de stages et de service civique, des infos sur la mobilité. Nous avons actuellement 12 000 inscrits.

Mais nous avons pris la décision de diversifier le contenu de notre infolettre en l’adaptant aux différents publics de l’OFQJ. Il y aura donc bientôt plusieurs newsletters ciblées, au lieu d’une seule généraliste. Nous renforçons également nos contenus vidéos sur les réseaux sociaux en 2023.

E.S. : Quels sont les canaux de communication de l’OFQJ (réseaux sociaux et autres canaux, etc) ?

Marianne Beseme : L’OFQJ dispose de plusieurs canaux de communication :

  • L’OFQJ est présent sur les salons liés à la mobilité (étudiante et professionnelle) et réalise des webinaires d’information sur la mobilité tous les lundis après-midi
  • Les webinaires que nous avons réalisés à destination des services des institutions et associations prescriptrices (missions locales, services des relations internationales en établissements d’enseignement supérieur, associations, etc)
  • Les infolettres de l’OFQJ et le site internet
  • Les réseaux sociaux : notre présence sur LinkedIn progresse, on peut également nous retrouver sur InstagramFacebookTwitter et depuis récemment Tik Tok
  • Nos chargés de projets sont des relais d’information à travers leurs réseaux

 

E.S. : Y a-t-il des moyens de communication (podcasts, magazines papier ou web, sites internet, pages LinkedIn, etc) que vous souhaiteriez recommander à nos lecteurs sur le sujet des relations France / Canada ? ou sur le Canada et le Québec ?

Marianne Beseme : La newsletter « Attache ta Tuque » de Valérie Lion est très intéressante. De plus, Valérie est une personne qui a découvert le Canada grâce à l’OFQJ, elle est donc une très bonne ambassadrice. Sinon, les newsletters ne manquent pas ! Il y a aussi les magazines hors-séries de L’Express et du Figaro sur le Canada.


🔖 FICHE TECHNIQUE :

France : 11, passage de l’Aqueduc, 93200 Saint Denis – +33 (0)1 49 33 28 50

Canada : 34, Ste-Catherine Est, Montréal, (Québec) H2L 2E9

  • Présence sur les réseaux sociaux : LinkedIn, Facebook, Instagram, Tik Tok