Cette semaine, c’est avec un grand enthousiasme que je publie l’échange que j’ai eu avec mon invité, Simon Ferey, chargé des relations Rennes & Saint-Malo (Bretagne) avec le Québec (Canada), Québec.
Simon représente et développe les intérêts économiques de collectivités territoriales françaises ainsi que leurs relations diplomatiques et culturelles avec la ville de Québec.
- Le profil de Simon Ferey sur LinkedIn
🍁Voici notre échange :
Elsa Schang : En quelques mots, c’est quoi Québec international (QI) ?
Simon Ferey : Québec International (QI) est la structure de développement économique de la Ville de Québec et de sa région.
Elle a plusieurs missions :
- Attirer les entreprises à Québec (être un pôle économique majeur au Québec en plus de la métropole Montréal) et faire rayonner Québec économiquement
- Développer les entreprises de Québec sur son territoire et à l’international
- Animer les réseaux d’entreprises sur certains créneaux d’excellence comme les jeux vidéo ou la santé
- Attirer des talents : le Québec connaît actuellement une pénurie de main d’œuvre très forte, avec un taux de chômage extrêmement bas. C’est un enjeu important car des secteurs entiers sont en manque de main d’œuvre. L’objectif est donc de faire rester des étudiants et de jeunes diplômés au Québec, (ce qu’on appelle la rétention de talents), ou d’attirer de jeunes professionnels dans des secteurs spécifiques (santé, numérique, intelligence artificielle – des secteurs qui recrutent également en France, étonnamment)
Pour ma part, mon statut est hybride, je représente les territoires de Rennes et Saint-Malo au Québec et je suis basé au sein de Québec International dans la ville de Québec. Au sein de Québec International, mon rôle est concentré sur les relations avec Rennes et Saint-Malo principalement économiques mais aussi institutionnelles, culturelles et académiques. C’est une relation bilatérale même si les flux sont très inégaux, j’accompagne principalement des entreprises bretonnes souhaitant opérer un développement au Québec (cela représente environ 85% des entreprises que j’accompagne), et quelques entreprises québécoises qui souhaitent se développer en France. Par exemple, la start-up québécoise « My Smart Journey » qui développe des parcours pédagogiques appliqués à différentes villes ou lieux touristiques. Au lieu d’avoir un audio-guide, le visiteur a accès à une application lui permettant de scanner des codes QR au fil de ses déambulations, par lesquels il accède à de nombreuses informations au sujet du site où il se trouve. Le code QR appliqué au tourisme ! L’entreprise souhaite se développer en France et particulièrement en Bretagne. Je suis donc présent pour l’accompagner dans cette démarche.
E.S. : Pouvez-vous décrire en quelques mots votre parcours : vous n’êtes pas de nationalité canadienne. Vous avez terminé vos études à l’Université Laval au Québec. Puis, vous avez opté pour des postes situés au Canada. Comment en êtes-vous arrivé à représenter les collectivités de Rennes et Saint-Malo au Québec ?
Simon Ferey : J’ai commencé mes études en Bretagne et les ai terminées par un master en Relations internationales au Québec à l’université Laval dans une école appelée HEI (Hautes Etudes Internationales). Cette école s’appelle désormais l’Ecole Supérieure des Etudes Internationales (ESEI). J’ai donc été formé dans un cadre canadien et j’ai vécu mes premières expériences professionnelles dans la diplomatie pour le Canada et au Canada.
E.S. : Oui, car le Canada autorise ses diplômés étrangers de niveau master à demeurer et travailler sur le territoire national pendant les trois années qui suivent leur diplomation.
Simon Ferey : C’est bien cela. Lors de mes études de master, j’ai effectué un stage à l’ambassade du Canada en Argentine, une expérience passionnante. L’année suivante, le sommet du G7 a été organisé à Charlevoix au Québec où j’ai été impliqué pour Affaires Mondiales Canada, qui est l’équivalent du ministère des Affaires étrangères en France. À la suite de cela, je suis rentré en Europe, et ne suis revenu à Québec qu’en période post-COVID afin de mener ce mandat que j’ai actuellement, de représentant de Rennes et Saint-Malo au Québec.
E.S. : Quel est votre rapport avec le Canada et/ou Québec ?
Simon Ferey : Au départ, j’étais intéressé par les relations internationales. J’ai poursuivi mes études au Canada car le programme proposé à l’école des HEI m’intéressait tout particulièrement. Cette école s’appelle désormais l’Ecole Supérieure en Etudes Internationales (ESEI). C’est donc cela qui m’a attiré en premier lieu. Les opportunités para-académiques proposées étaient également très attractives, puisque, à titre d’exemple, j’ai pu participer à une simulation des Nations Unies à New-York et effectuer des voyages académiques avec ma cohorte de l’école. Je pense que ces expériences académiques ont été un tremplin pour intégrer le secteur des relations internationales.
E.S. : Pouvez-vous décrire votre fonction au quotidien ?
Simon Ferey : Mon statut est hybride puisque j’ai un pied au Québec et un pied en France. Mes fonctions sont les suivantes :
- Assurer la bonne représentation de Rennes Métropole et Saint-Malo Agglomération au Québec (dans le cadre plus large franco-québécois et franco-canadien)
- Développer les relations bilatérales sur 4 secteurs de coopération : économique, politique, académique et culturel
- Soutenir la coopération économique sur des thématiques qui sont des secteurs de force situés en Bretagne comme au Québec (ex : les mobilités propres, l’alimentation, le maritime, la santé, la cyber-sécurité)
- Entretenir la relation bilatérale, c’est-à-dire initier et animer les réseaux transatlantiques. Cela se fait évidemment à travers l’organisation de visites de délégations mais également tout-au-long de l’année
- Assurer une veille économique et politique
Mes collègues et interlocuteurs se trouvent donc au Québec et en France. Plus précisément, je dépends de quatre structures que sont Québec International, Rennes Métropole, Saint-Malo Agglomération et Destination Rennes !
E.S. : Quel a été l’impact de la COVID-19, ces 2 dernières années, sur les activités de QI ?
Simon Ferey : Lorsque la COVID-19 est apparue, j’étais en France. J’ai effectué ma prise de fonction en plein confinement ! Cela a demandé une flexibilité et une adaptabilité assez fortes qui ont été et seront des atouts dans mon parcours futur en matière d’adaptabilité. Malgré tout, les liens ont été entretenus et j’ai même pu démarrer de nouveaux partenariats pendant cette période. Il est évident que travailler dans les relations bilatérales lorsqu’il est impossible de rencontrer ses homologues a été un défi car l’aspect humain des relations est très important selon moi. Puis il y a eu un retour à la normale, les frontières ont pu rouvrir et l’activité a connu une forte montée en puissance. En 2022, j’ai pu noter un grand dynamisme, une recrudescence des visites de délégations, etc.
E.S. : Quels types de délégations recevez-vous ?
Simon Ferey : Il y a deux types de visites de délégations :
- Les visites de délégations institutionnelles, politiques, menées par les collectivités comme Rennes Métropole ou Saint-Malo Agglomération
- Les visites de délégations à visée économique ou thématique : elles concernent les entreprises essentiellement, qui se déplacent pour identifier de nouveaux marchés ou des opportunités de marchés, pour prospecter, pour créer de nouveaux contacts ; les visites thématiques concernent notamment les secteurs d’excellence des territoires
Les délégations se déplacent généralement autour de salons ou d’événements.
E.S. : Cette fonction vous permet-elle de voyager à travers le Canada ou en France ?
Simon Ferey : Ma fonction m’amène à effectuer des déplacements en France pour un certain nombre de rendez-vous annuels. C’est l’occasion pour moi de voir les entrepreneurs bretons que j’accompagne, de rencontrer des start-ups également, de jauger l’intérêt des entreprises pour le Québec et les marchés québécois et canadien. C’est un moment fort dans la continuité de la mission et de suivi au niveau des entreprises. C’est aussi l’occasion d’être en phase avec les réalités du terrain qui parfois sont assez différentes de celles du Québec mais aussi de faire le point avec mes différents employeurs en présentiel.
Je me déplace aussi régulièrement au Québec, essentiellement à Montréal qui est la métropole économique de la province. Beaucoup de réseaux franco-québécois sont basés à Montréal, comme Bleu Blanc Tech qui est la French Tech à Montréal ou la Chambre de Commerce et d’Industrie France-Canada, par exemple. En dehors de Québec et Montréal, j’effectue des visites plus thématiques et ponctuelles. Nous avons eu de bons rapports avec Sherbrooke Innopole ; Gatineau est spécialisée et très pertinente dans la cyber-sécurité ; et Rimouski dans le maritime, par exemple.
Les entreprises que j’accompagne sont souvent basées au Québec mais ont finalement des enjeux qui sont nord-américains.
À Québec, les créneaux d’excellence sont l’optique-photonique, les jeux vidéo, le numérique et l’intelligence artificielle, la santé et le développement durable (les bâtiments verts). Plusieurs créneaux sont d’ailleurs animés au sein-même de Québec International.
E.S. : Quelles sont les actions de Québec International (QI) ? Quelle est la différence entre une Chambre de commerce et d’Industrie franco-canadienne (CCI) et QI ?
Simon Ferey : Le rôle de QI est de faire rayonner Québec économiquement à Québec et au-delà contrairement à la CCI qui se situe dans une relation bilatérale entre la France et le Canada.
E.S. : Quels sont vos liens avec les ambassades et les consulats français et canadiens ? Votre mission requiert-elle des liens avec d’autres institutions : le Cercle des Dirigeants d’Entreprises Franco-Québécois, Business France, l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse, par exemple ?
Simon Ferey : En fait je suis en lien avec les réseaux franco-québécois, qu’ils soient diplomatiques avec les consulats de France à Québec et à Montréal et la Délégation générale du Québec à Paris ou économiques (structures d’accompagnement économique, Bleu Blanc Tech, etc). Je m’inscris dans ces réseaux et positionne la Bretagne dans ces cadres déjà bien établis. Cela permet également l’organisation d’événements de réseautage lors des visites des délégations.
Je suis également en lien avec l’une de mes homologues, la représentante de Nantes – St-Nazaire à Montréal.
E.S. : Quel est le message diplomatique que vos employeurs à travers leurs actions souhaitent diffuser en France et au Québec ?
Simon Ferey : Les collectivités bretonnes souhaitent en permanence maintenir et renforcer les liens historiques, économiques et politiques privilégiés qu’elles ont toujours eus avec le Québec. Rennes maintient avec le Québec une relation privilégiée depuis plus de dix ans. D’ailleurs, pour l’aspect sportif mais aussi culturel et économique, une course transatlantique va être organisée entre Québec et Saint-Malo en 2024, la 10ème édition de la Transat Québec Saint-Malo.
E.S. : Avez-vous des conseils à donner aux personnes, aux jeunes, qui souhaiteraient travailler un jour dans le secteur de la diplomatie internationale ou du développement économique France / Canada ?
Simon Ferey : Il peut être judicieux de s’intéresser aux relations internationales des collectivités territoriales, qui ont tendance à se développer. En effet, les régions souhaitent de plus en plus appliquer leurs propres stratégies économiques et politiques à l’international et coopérer avec des régions partenaires. C’est une tendance de fond.
Pour les personnes intéressées par l’aspect diplomatique, je recommande de se renseigner au sujet des programmes de Volontariat international en Administration (VIA), qui permettent de travailler pour une période de deux ans en consulat ou ambassade de France à l’étranger.
Pour l’aspect plus économique, il faudra se renseigner sur les programmes de Volontariat international en Entreprise (VIE). On peut également approcher les structures, programmes et réseaux : l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse (OFQJ), les Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) françaises à l’international, le programme Erasmus +, etc. En somme, il est important, je pense, de favoriser les expériences de terrain.
Pour ce qui concerne la vie au Québec, mon conseil est le suivant : il faut avoir conscience du fait que la langue française est un atout, mais ne pas oublier que le mode de vie ici est nord-américain.
C’est une culture anglo-saxonne qui utilise une langue latine !
Cela nécessite de faire preuve de modestie et d’adaptation et d’apprendre sur cette autre culture tout en conservant sa langue natale et la protéger car la langue française au Québec n’est jamais acquise sur un continent largement anglophone.
E.S. : Quelle est l’actualité de Rennes Métropole et Saint-Malo Agglomération et quels sont les axes de développement à venir ?
Simon Ferey : L’un des objectifs est d’attirer plus d’entreprises québécoises vers la Bretagne, avec tous les atouts que comporte cette région : le maritime, la cyber-sécurité, l’alimentation, le numérique et les télécoms, entre autres.
L’accueil de délégations devrait se poursuivre en 2023 également.
L’autre perspective un peu plus lointaine est la Transat Québec – Saint-Malo qui aura lieu en 2024, et qui sera sans doute génératrice d’activités économiques et touristiques des deux côtés de l’Atlantique.
E.S. : Pouvez-vous me dire quelques mots sur l’infolettre dont vous êtes à l’initiative, qu’y trouve-t-on ?
Simon Ferey : Il s’agit de « l’infolettre Québec-Bretagne ». Elle est publiée deux fois par mois et évoque l’actualité économique, même s’il y a parfois des mentions politiques et/ou culturelles. Elle vise à mettre en lumière les relations existantes entre le Québec et la Bretagne, l’actualité économique au Québec d’une part et en Bretagne d’autre part. Certains secteurs reviennent souvent comme l’innovation, le tourisme, la cyber-sécurité, le numérique, et le maritime, principalement.
L’infolettre recense donc toutes les actualités pertinentes pour les acteurs économiques québécois et bretons. C’est un format original car il met en lumière conjointement un point de vue québécois et un point de vue breton. Le contenu de l’infolettre résulte à la fois d’un travail de veille de ma part et de relations privilégiées avec les entreprises qui n’hésitent pas à me transmettre leurs actualités directement.
L’audience est le réseau franco-québécois fait d’entreprises, de structures économiques, les acteurs diplomatiques, les villes et les collectivités, etc.
Pour s’inscrire à « l’infolettre Québec-Bretagne », il suffit de me contacter par mail à l’adresse suivante : sferey@quebecinternational.ca et il me fera plaisir de vous y inscrire !
E.S. : Quels sont les canaux de communication de vos employeurs (balados, réseaux sociaux, sites, pages, etc) ?
Simon Ferey : Il existe une infolettre émanant de Québec International (Infolettre QI) à laquelle il est possible de s’inscrire directement via le site internet de QI mais aussi une infolettre du World Trade Center Rennes qui fait partie de la CCI Rennes Bretagne.
Pour le reste, je m’appuie sur les sites existants sur lesquels on peut trouver de l’information pertinente notamment sur Québec International et Rennes Business.
Je publie également quelques articles via ma page LinkedIn.
E.S. : Y a-t-il des moyens de communication (balados, magazines, sites internet, pages LinkedIn, etc) que vous souhaiteriez recommander à nos lecteurs sur le sujet des relations France / Canada ? ou sur le Canada / Québec ?
Simon Ferey : On peut s’inscrire à l’infolettre Québec-Bretagne pour commencer, mais également à votre revue de presse Ô Canada sur LinkedIn !
On peut également rester à l’affût des informations délivrées par les consulats de France au Québec, de la Délégation générale du Québec à Paris, et des réseaux économiques que nous avons évoqués : l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse, le Cercle des Dirigeants d’Entreprises franco-québécois, la CCI France-Canada, etc, qui ont chacun des infolettres et sont présents sur les réseaux sociaux.
La relation France-Québec est très forte, il y a donc beaucoup d’acteurs qui la représentent, c’est une force !
🔖 FICHE TECHNIQUE :
- Page profil LinkedIn Simon Ferey
- Site Québec International : 1035, avenue Wilfrid-Pelletierbureau 400, Québec QC G1W 0C5 – A suivre sur Facebook, Instagram, Youtube, Twitter
- Site Rennes Métropole : Hôtel de Rennes Métropole, 4 avenue Henri Fréville, CS 93111, 35031 Rennes Cedex – 02 99 86 60 60 – A suivre sur Facebook, Twitter, Instagram
- Site Saint-Malo Agglo : 6 rue de la Ville Jégu – BP11, 35260 Cancale, 02.23.15.10.85 – A suivre sur Facebook et Twitter
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- L’entrevue #1 : Marie Cousin, directrice du service Communication de l’Ambassade du Canada en France, par Elsa Schang, Revue de presse Ô Canada ! sur LinkedIn
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- L’entrevue #3 : Marianne Beseme, Secrétaire générale de l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse, France, par Elsa Schang, Revue de presse Ô Canada ! sur LinkedIn
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- Le dernier numéro de la Revue de presse Ô Canada ! Viola Desmond, Coupe du monde de soccer, COP27
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